Festival au Brésil!!!!

Publié le par judicael perroy

Petit compte rendu d’un festival au Brésil à Belo Horizonte.

Tout d’abord, ce festival est le fruit  du travail remarquable et désintéressé d’un très bon guitariste : Alieksey Vianna qui, tout en prenant en charge l’organisation du festival ,a donné

un excellent concert avec quatuor à cordes.

Je ne connaissais d'ailleurs aucune des pièces jouées, certaines méritant à mon avis d'être connues ( pièces de Sergio Assad, Leo Brouwer, Wagner Tiso).

Beaucoup de concerts donc : je ne vais pas parler du mien non pas par modestie mais par pure charité (probablement pas) chrétienne !!!

Je ne vais pas parler des concerts que je n’ai pas aimés, je ne veux pas me fâcher mais uniquement celui de Pablo Marquez. Je le connais depuis très longtemps puisque j’ai pris un an de cours avec lui il y a 15 ans je pense.

Cette période correspondait à mon après baccalauréat. J’avais 17 ans et je recherchais un prof, envisageant de faire de la guitare professionnellement tout en ayant beaucoup de mal à faire le deuil de mon passé d’enfant prodige (je commençais à être moins régulier techniquement  que lorsque j’avais 14 ans) .J’éprouvais les plus grandes difficultés à m'imaginer travailler plus qu’une heure par jour.

Bref, je travaillais un peu plus et jouais moins bien à 17 ans qu’à quatorze.

Je rencontre donc à ce moment là, Pablo  un peu par hasard et commence les cours avec lui.

Bien sur je trouve qu’il joue très bien mais je n’aime pas totalement, je trouve cela un peu trop cérébral. A cette époque mes autres études musicales outre  la guitare se limitent à un élémentaire 2 en solfège que j’obtiens du reste uniquement grâce à ma bonne oreille.

Pablo insiste sur l’analyse et le son. Je le respecte beaucoup mais je ne suis pas convaincu. Lui-même fait encore des concours et bien que l’appréciant en tant que personne, en tant qu’artiste, en tant que prof, quelque chose ne marche pas.

Il me fait découvrir Claudio Arrau et plus généralement le piano ce qui s’avérera l’événement le plus marquant de cette année avec mon incapacité à travailler plus de deux heures par jour la guitare.

J’arrête le cours avec lui puis la guitare pendant 2 ans …..

Pour des études d’économie et de maths.

Je reprends ensuite (à la suite de divers concours de circonstances et du concours Bartoli) et vois Pablo en concert de temps en temps .J’aime de plus en plus et même lorsque j’ai des réticences (comme au Mexique il y a 3 ans) je passe un bien meilleur moment que pendant la plupart des concerts de guitare.

C'est donc avec grand plaisir que je m'apprête à l’écouter au Brésil.

Bien sur comme d’habitude son programme est prometteur.

Tout d’abord 6 Ricercar de Milano, la Sequenza de Berio puis en deuxième partie deux séries de variations de Narvaez ,le tiento de Ohana ,le tombeau de Debussy de De Falla ,puis la Chaconne de Bach.

Le programme est cohérent, crée des passerelles subtiles et stimulantes entre les pièces qu’il expliquera d’ailleurs avec modestie et intelligence pendant le concert.

Il commence donc par les fantaisies qu’il joue depuis des années. Chose remarquable à mon avis, il les joue de mieux en mieux, alors que le danger est de finir par se caricaturer ou de laisser les pièces se dégrader (comme pour ma fantaisie de Legnani d’ailleurs). Elles sont de plus en plus précises tout en étant plus libres que par le passé, bref ça devient « sa » musique.

C’est très dur de faire cela car même en étant sérieux, on peut finir par trop se sophistiquer et perdre tout naturel .Par exemple Brendel a enregistré 3 fois l’intégrale des Sonates de  Beethoven : la première est très vivante et moderne, la deuxième ajoute peut être encore plus de profondeur et de savoir faire ,la troisième devient par contre professorale et peu naturelle (ça reste très bon quand même).

Il poursuit ensuite par le Berio. Je comprends enfin cette pièce. Autrement dit, elle est vivante, subtile, émouvante et surtout est cohérente par rapport aux autres Sequenza .J’avais en premier écouté Elliot Fisk qui en faisait un ovni brutal et atroce puis des étudiants qui ne la maîtrisaient pas. Pablo la joue comme faisant partie du répertoire, comme une pièce venant de quelque part (l’histoire de la musique, l’histoire de la guitare). Bien sur ,on oublie l’aspect technique de cette redoutable pièce .Le résultat est un triomphe auprès du public avec une première partie pourtant extrêmement austère.

Il commence ensuite après l’entracte  par les variations de Narvaez .C’est un tout petit peu moins précis techniquement (à vrai dire la première partie était si remarquable qu’on n’y pensait même pas) puis enchaîne sur le Tiento que je préférerais peut être plus acre mais qui est peut-être joué  en demi teinte afin de s'insérer plus facilement au Tombeau de Debussy de De Falla. 

Enfin il termine par la Chaconne : la aussi comme au Mexique je n’ai pas tout à fait aimé sa transcription.

Il remet (dans sa manière de jouer les variations) la chaconne dans l’histoire de la musique, à savoir qu’il ne la joue pas comme si cette pièce venait de la planète Mars.

Je comprends cette idée,  je ne suis pas mystique mais je pense que je ne désacraliserais pas autant la pièce .Je suis aussi d’accord que beaucoup d’excès ont été commis sur cette pièce surtout de la part des violonistes (A mon avis Segovia est très sobre pour son époque !!!), mais en même temps, je pense que j’insisterais plus sur le caractère unique de cette pièce (sa longueur, les circonstances de composition….).

La transcription est assez dure et ajoute de nombreuses  voix à la partition violon. Pour être honnête, je ne suis pas totalement convaincu  car je trouve cela parfois un peu contradictoire avec le démystification opérée sur cette pièce par Pablo.

Malgré cela, je ne m’ennui pas un seul instant et surtout, tout en prenant du plaisir sur le moment, je me sens stimulé par ce point de vu même si c’est aussi parfois un peu en réaction.

Les bis sont très  bons : une pièce de Sor jouée de manière "salonesque", sensible et romantico-classique, un étude de percussion de Kampella, puis une pièce argentine populaire parfaite pour conclure le concert.

D’après moi ce fut non seulement un très grand concert de guitare, mais surtout un très bon concert de musique .J’ai oublié pendant cette heure que j’étais guitariste et cela m’arrive très rarement pour un concert de guitare. Ces dernières années ce fut le cas avec Paul Galbraih (mais joue t-il vraiment de la guitare ?), puis ponctuellement sur quelques pièces entendues à droite ou à gauche : La sonate 3 de Ponce par Pablo Garibay, Alieksey Vianna jouant une pièce de Sergio Assad, Jeremy Jouve jouant des pièces de Rodrigo, quelques pièces par Pavel Steidl……

C’est aussi un très grand enseignement et surtout un réconfort de voir que l’on peut avoir un très grand succès avec ce type de répertoire joué avec autant d’intégrité.

J’essaye à mon modeste niveau de donner cette vision du rôle d’artiste à mes grands élèves mais il est vrai que le fait qu’ils fassent des concours occasionne plutôt une démarche plus prosaïque.

J'espère cependant qu’ils arrivent quand même à gagner les concours (ça c’est sur !!!!) tout en ne perdant pas de vu cette recherche artistique….

Publié dans guitareclassique

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K
Pkoa pas, éé<br />
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